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Confidences : Chaimaa Belaasri, une tête bien faite

Confidences : Chaimaa Belaasri, une tête bien faite

Elle se vouait corps et âme à la couture. Le cinéma l’a cueillie sur le vif. Trois tournages, coup sur coup, où elle impose un style, un talent et un charme bouleversants. Chaimaa Belaasri est, à 25 ans, une débutante qui possède les atouts nécessaires pour se hisser parmi les meilleurs. Tête-à-tête avec une femme de tête très épanouie.

Propos recueillis par R. K. H.

 

Finances News Hebdo : Quand avez-vous réellement décidé de bifurquer vers l’art ?

Chaimaa Belaasri : Je ne sais pas au juste. Petite, j’aimais assez dessiner. Plus tard, après l’obtention de mon bac, je pratiquais le mannequinat pour le plaisir jusqu’à ce qu’ils fassent appel à moi pour jouer dans un court-métrage. Je n’ai jamais songé à y faire carrière. L’envie était peut-être là, mais il manquait le déclic, la rencontre qui m’aurait aidée à franchir le pas.

 

F.N.H. : Comment êtes-vous passée au cinéma ?

C. B. : Par l’effet du hasard. Ce sont les rencontres qui infléchissent le cours d’une destinée. Quelqu’un m’a présentée au directeur du casting de Fatima Ali Boubakdy. Nous avions pris langue, puis rendezvous pour des essais qu’il a dû juger concluants. Voilà.

 

F.N.H. : Et vous n’avez pas hésité à sauter dans l’inconnu ? Après tout, le monde du cinéma vous était étranger.

C. B. : Je suis foncièrement fonceuse (sourire).

 

F.N.H. : Ainsi, la rencontre qui vous a amenée vers votre destin est advenue.

C. B. : Je sentais que le désir de faire de l’acting était fort au point de tourner à l’obsession. Alors, je me suis épanouie sous la houette de Fatima, une réalisatrice qui m’a profondément marquée. Elle possède un savoir immense et pouvait parler aussi bien du jeu, que du scénario ou du dialogue avec justesse… Nous nous parlions abondamment. Nous discutions du rythme du personnage, sa place dans le récit, ses relations avec les autres.

 

F.N.H. : C’est cette réalisatrice qui vous a instillé la passion pour le cinéma ?

C. B. : On peut dire ça. Au début, c’est une drogue douce, et plus le temps passe, plus le cinéma devient pour moi quelque chose de vital.

 

F.N.H. : Votre goût pour le jeu, l’interprétation, l’incarnation, le campement… estil vraiment immodéré ?

C. B. : Absolument. Le virus s’est incrusté, et je ne tiens pas à m’en défaire.

 

F.N.H. : C'est clair et net, puisque vous avez immédiatement enchaîné avec un tournage.

C. B. : Sans doute. Yassine Fennane était en quête d’un profil auquel je correspondais. J’ai été indubitablement recommandée, puis retenue.

 

F.N.H. : Après la capiteuse Jawaher, vous vous muez en belle et gentille potiche. Comment avez-vous senti ce personnage ?

C. B. : Le rôle qui m’a été dévolu par Yassine est tout à la fois simple et complexe. Or, la simplicité est malaisément jouable. La vie dudit personnage est creuse, lisse… C’est en cela qu’il était difficile à composer. Il fallait davantage d’efforts pour l’imposer à l’écran, pour faire remarquer sa présence, pour attirer sur lui le regard du spectateur.

 

F.N.H. : Avez-vous une prédilection pour les rôles que vous avez joués ?

C. B. : Non. Chaque rôle fascine pourvu qu’on le travaille à fond. C’est pour cela que je n’ai pas d’a priori. J’ai incarné aussi bien un personnage cynique et un autre qui est totalement pudique. Avec un égal souci, celui de creuser le personnage, et de puiser dans mon intériorité pour restituer l’émotion à vivre, à exhiber et à transmettre.

 

F.N.H. : Si on vous propose d’incarner un personnage qui est la réplique exacte de Jawaher, serez-vous preneuse ?

C. B. : Non (sourire).

 

F.N.H. : Qu’est-ce qui motivera votre refus ?

C. B. : Je ne serai pas tout à fait emballée, d’autant plus que je ne tiens pas à ce qu’on m’englue dans un rôle. C’est appauvrissant.

 

F.N.H. : Qu’est-ce qui vous séduit dans le métier d’acteur ?

C. B. : C’est la faculté de se démultiplier. La chance inouïe d’un acteur, c’est de pouvoir vivre plusieurs vies : celle dont il a toujours rêvé, celle qu’il réprouve, celle qui le tente, par procuration, à travers les rôles qu’il incarne.

 

F.N.H. : Vous préparez actuellement un master en psychologie sociale et développement des organisations. Parviendrez-vous à concilier profession avec votre vocation ?

C. B. : J’ai choisi le social avant tout pour satisfaire un besoin humain. Aider les gens est un acte qui m’attire énormément. Quant à l’acting, il fait partie intégrante de ma vie maintenant. Je ne pourrais m’en passer. Si je devais le faire, je serais inconsolablement malheureuse.

 

F.N.H. : Quand vous n’étudiez pas et ne jouez pas, à quoi occupez-vous votre temps ?

C. B. : Je le consacre à la couture (j’ai déjà lancé ma marque de vêtements). L’envie d’écrire me prend parfois et je m’adonne voracement au plaisir de lire. Voilà à quoi j’occupe mon temps libre.

 

F.N.H. : Vous portez la baraka ?

C. B. : Oui (sourire)… la baraka de mes parents !.

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