Le magique séduit les foules, toutes catégories sociales confondues. On a pourtant constaté que les phénomènes paranormaux (télépathie, tables tournantes…) attiraient plutôt les gens cultivés, tandis que les marabouts avaient leurs adeptes à la fois chez les riches et les pauvres.
Au Maroc, la machine à satisfaire l’irrationnel fonctionne à plein régime. Entre les diseurs de bonne aventure, les numérologues, les exorciseurs, les vaticinateurs et les astrologues de tout poil, l’industrie de la mystification prospère et se ramifie consentement. La recette est toujours la même : abuser du désarroi des solitaires, des faillis de la vie, des paumés et des laissés-pour-compte. Mais il n’y a pas que ceux-là. Même ceux qui n’ont pas de souci particulier recourent à l’irrationnel. Histoire de «savoir»…ou simplement de divertir.
De la crédulité, donc, l'irrationnel fait son beurre. Un pactole dont il est impossible de mesurer le poids. Les pythies courent les rues, écument les places publiques, hantent les campagnes et les montagnes les plus reculées, et il faudrait être devin pour en connaitre le nombre exact… Et les accros frappent à la porte de leurs pythonisses favorites environ trois fois par an, cela représente un véritable magot.
Des personnes que nous avons interrogées confessent, pour la plupart, leur attirance pour l'irrationnel. Beaucoup d'entre elles visitent régulièrement les marabouts afin de recevoir leur khobza ou baraka. Les femmes, en particulier, lisent leur horoscope dans les journaux; les plus âgées recourent toujours aux fqih quand elles ont des ennuis de santé; certaines affirment qu'elles s'adonnent au spiritisme; d'autres pensent que la sorcellerie et l'astrologie sont dignes de foi. Rares sont celles qui croient que les augures des voyants sont de la poudre de perlimpinpin.
Dans ces credos, toutes les catégories sociales sont confondues. Le paranormal (télépathie, sorcellerie, tables tournantes) fascine davantage les catégories de personnes cultivées : étudiants, cadres, professeurs, l'astrologie apparaît comme un phénomène assez diffus, emportant. Toutefois, l'adhésion des femmes, les très riches et les plus pauvres croient aux vertus des marabouts. A l'évidence, il faut abandonner un modèle linéaire selon lequel l'adhésion au rationalisme ou au mode de pensée scientifique irait de pair avec l'élévation du niveau d'études.
Souvent faux-prophètes, les bonimenteurs se révèlent parfois de vrais escrocs. Ils vous font raconter votre vie puis vous la re-servent sous forme de prédiction.
«Le culte de Bouya Omar. Le passé similaire de Lourdes» Un livre sur le culte des saints : une thérapeutique des maladies mentales. Vingt huit ans après sa première parution en 1993, Khadija Naamouni, docteure en anthropologie et ethnologie, a choisi de rééditer «Le culte de Bouya Omar. Le passé similaire de Lourdes» aux éditions La croisée des chemins en l'enrichissant d'une comparaison avec un autre lieu de culte, bien connu : Notre Dame de Lourdes. L'essai, de 348 pages, explique par ailleurs ce qui se passe autour des cultes des saints, l’affairisme hagiographique ainsi que les conséquences sur les malades. C’est le présent et le passé de l’affairisme hagiographique du sanctuaire de Bouya Omar au Maroc, des sanctuaires de Lourdes en France et ses conséquences sur les malades dont il est question dans le présent ouvrage. |
Par R. K. Houdaïfa