Pour le programme d’animation culturelle «Afrique en capitale», l’Académie du Royaume du Maroc (ARM) a mis les petits plats dans les grands en organisant avec ses partenaires une journée dédiée à l’ancien Président du Sénégal et poète Léopold Sédar Senghor. Celui qui voulait que son œuvre poétique soit davantage considérée par la postérité que son action politique quoique non moins importante, fut l'un des illustres membres de l’ARM.
«Nous voulons à travers cette journée d’hommage lever les malentendus sur la pensée de Sédar, ardant défenseur de la négritude», assure Abdeljalil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l’ARM, lors d’une conférence de presse organisée récemment en prélude de la manifestation qui a enregistré la participation de plusieurs invités étrangers.
Pour rappel, l’homme de lettres et chef d’Etat sénégalais n’a eu de cesse de livrer des combats pour l’affirmation d’une civilisation basée sur le métissage et le dialogue des cultures par opposition au repli identitaire qui est d’actualité. Apôtre du rendez-vous du donner et du recevoir et de la nécessité pour l’homme d’être parfaitement enraciné dans sa culture, tout en s’ouvrant à celles des autres, Senghor a beaucoup œuvré pour le rayonnement de la culture africaine à l’échelle mondiale.
«Il fut un grand défenseur de la cause des artistes», confie Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Maroc, avec lequel le poète sénégalais a écrit un ouvrage. «Senghor a réalisé deux livres avec deux artistes que sont Pablo Picasso et moi-même», rappelle non sans fierté Mehdi Qotbi, qui avait des rendez-vous hebdomadaires avec l’enfant de Joal, notamment en Normandie ou à Paris. Cela dit, l’un des plus grands faits d’armes à mettre sur le compte de l’action politique du premier Président sénégalais est son départ du pouvoir de façon volontaire pour laisser sa place à Abdou Diouf.
Au-delà de ce parcours atypique, Abdeljalil Lahjomri a annoncé lors de la conférence de presse que les 80 doctorants marocains, dont les thèses de recherche portent sur l’Afrique, bénéficieront de bourses. L’objectif étant de les aider financièrement lors de leurs déplacements sur le continent. Cela dit, la rencontre était l’occasion pour le secrétaire perpétuel de l’ARM d’annoncer des nouveautés.
Celui-ci n’a pas manqué d’annoncer les changements majeurs qui devraient intervenir pour l’organisation qui a tenu sa première session inaugurale en 1980, sous la présidence de feu Hassan II. En effet, jusque-là, l’Académie, qui compte s’ouvrir davantage sur son environnement, ne peut accueillir de nouveaux membres qu’en cas de décès. Ce qui ne devrait plus être le cas à l’avenir une fois la mutation parachevée.
Rappelons que l’Académie a, entre autres, pour mission la promotion de la recherche dans les domaines des sciences, de la religion, de la philosophie et de l’éthique. A en croire Abdeljalil Lahjomri, celle-ci devrait être davantage active dans le domaine de l’art et de la culture. En cela, une extension des locaux est prévue afin d’abriter une structure dédiée aux beaux arts. Au-delà de ces nouveautés, l’entité créée par le dahir du 8 octobre 1977 a aussi pour but de rassembler les compétences marocaines actives dans les domaines susmentionnés, tout en nouant des relations avec des personnalités internationales dont les publications ont une grande valeur ajoutée pour la civilisation. ■
Par M. Diao