Une pléiade d'écrivains et de critiques littéraires ont débattu, vendredi 20 octobre au Centre Hassan II des rencontres internationales d’Assilah, de l'essence du discours visuel dans le roman arabe et du rapport résultant entre ces deux formes d’expression.
Les participants au colloque sur «Le roman arabe et le discours visuel», organisé dans le sillage de la 44è édition du Moussem culturel international d'Assilah, ont affirmé que le rapport «dialectique» entre le discours visuel et le roman est récent et atteste d’une évolution continue durant ces dernières décennies, reflétant un intérêt croissant des auteurs pour diverses formes d'expression.
Ce Forum se consacre au roman, considéré un caméléon littéraire qui accepte différentes formes et structures créatives et suscite un grand intérêt, a souligné le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah, Mohamed Benaissa.
De nombreux écrivains du monde arabe se sont intéressés à «l'écriture descriptive», qui saisit chaque détail, plongeant le lecteur au cœur d'un récit riche en différentes formes d’expression artistiques, a-t-il dit.
Pour sa part, le critique littéraire Charafeddine Majdouline, a fait savoir que le roman est désormais associé dans de nombreuses expériences littéraires, au regard et à la précision dans la description.
De son côté, le romancier et poète, Mohamed Al Achaari a cité l'art plastique et ses figures de proues de la scène marocaine, soulignant l’existence de liens solides entre le roman et les autres formes d'expression artistiques.
Le romancier et professeur libanais, Rachid El Daif, a expliqué que la rencontre entre l’image et l’écriture contribue au foisonnement de nombreuses créations, notamment l’art théâtral, le cinéma et les beaux-arts.
«L’image enrichit le roman et invite le lecteur à s'immerger davantage dans le contenu de l'écriture romanesque», a-t-il noté, précisant que dans son rapport avec le roman, le discours visuel se développe rapidement, accentuant l’élégance de l’œuvre.
Pour la professeure d'études cinématographiques à l’université d’Ottawa, May El Telmissany, le «discours pictural» du roman confère une élégance esthétique à la littérature-cinéma et renforce le lien créatif entre ces deux formes d'expression.
Le rapport entre la littérature de fiction et les arts visuels reste «inévitable et complexe», a-t-elle affirmé, signalant l’inexistence d’une hiérarchisation entre ces deux genres, étant donné que le roman peut précéder le cinéma et vis-versa.
L’intérêt du critique et chercheur dans le domaine du roman arabe contemporain est suscité par la fréquence de dizaineæs de textes au cours des dernières décennies qui sont pénétrés par le discours visuel, ont expliqué les intervenants.
Ils ont précisé que la plupart des textes narratifs se manifestent sous forme de récits sur la nature et la philosophie de la photographie visuelle, et ses liens avec la vérité, la vie et les gens, ainsi que la polémique intellectuelle et stylistique qu’il produit avec les modèles rhétoriques et l’esthétique de l’expression littéraire.
«Le roman arabe contemporain ne semble pas chercher à héberger l’image dans des foyers de faits géographiques, historiques et culturels différents de leurs contextes d’origine, sauf en termes d’une correspondance avec une tendance interprétative générale, qui a toujours ouvert les métaphores des œuvres d’art à des possibilités qui transcendent les faits historiques contradictoires et denses, de sorte que leur réalité sensorielle se transforme en une caractéristique abstraite», a relevé une note de présentation du colloque.
*Cette édition, qui se poursuit jusqu'au 26 octobre, sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, à l'initiative de la Fondation du Forum d'Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication (département de la Culture) et la commune d’Assilah, est marquée par l’organisation de plusieurs colloques, dans le cadre de la 37è édition de l'Université ouverte Al-Moutamid Ibn Abbad, ainsi que des activités culturelles et artistiques.